ET SI NOUS (RE)DEVENIONS HUMAINS ?

Imaginez ce qui pourrait se passer en cet instant, si au lieu de baigner dans une culture de violence nous étions pétri d’une culture de paix, de bienveillance, d’empathie, d’amour.

D’autres l’ont rêvé avant nous.

Est-ce vraiment si inaccessible ? Ou bien est-ce que nous sommes collectivement pris au piège d’un malentendu, d’un aveuglement, que nous avons nous même créé et entretenu, et auquel nous participons malgré nous chaque jour sans prendre le temps de le remettre en question ?

Imaginez que la domination ne soit plus notre modèle de référence et, qu’à la place, nous soyons accompagnés, depuis notre plus jeune âge, par des modes relationnels tendres, respectueux, soutenants, équitables, libérateurs, où l’amour inconditionnel de soi et de l’autre est la nourriture psycho-émotionnelle de base, le fondement de notre société.

Imaginez que la violence entre humains devienne inimaginable, et qu’au lieu d’avoir un Ministère des Armées, nous ayons un Ministère de la Paix, destiné à mettre en œuvre les outils et moyens de restaurer pacifiquement, par le dialogue et la médiation, l’harmonie entre les peuples lorsqu’elle fait défaut.

Imaginez que la guerre soit interdite, sans équivoque, car insoutenable pour notre conscience.

Imaginez qu’il ne s’agisse plus d’exister pour cloisonner les populations, défendre des intérêts, gagner le plus possible de ressources, étendre notre hégémonie ou accumuler toujours plus de biens, mais que nous vivions pour prendre soin de nous, de nos enfants, des autres, du vivant, de notre terre.

Imaginez que c’est cela qui serait logique et naturel, au point que toute violence quelle qu’elle soit serait vécue collectivement comme une anomalie.

Imaginez que nous en finissions avec le jugement, la stigmatisation, la fabrique de l’ennemi, la prédation, et que nous puissions considérer que le bien-être des autres êtres vivants, où qu’ils se trouvent sur la planète, est tout aussi fondamental que le nôtre.

Imaginez que nous ayons enfin conscience que nous sommes tous reliés, et que négliger l’autre équivaut à se négliger soi-même.

Imaginez que c’est cela que nous transmettons aux enfants qui grandissent.

Imaginez que c’est cela que nous nourrissions et alimentions dans notre quotidien d’humain, dans nos œuvres, dans nos institutions.

Imaginez que nous retrouvions cette humanité en nous.

Ce texte est l’introduction d’un nouveau livre de Sophie, à paraître aux éditions Actes Sud en mai 2023